15 décembre 2007

Les 5 parfums du coeur


Ainsi parlait le maître Hui Heng :

« Vous êtes venus de loin et vous attendez de moi que je vous transmette quelque méthode qui vous permette de retrouver votre nature de bodhi*. Sachez tout d’abord que la nature de bodhi ne peut se trouver que par soi-même, en y pensant à chaque instant, en œuvrant à chaque instant pour que le cœur soit pur, en agissant à chaque instant dans le but de rencontrer la nature d’origine qui se trouve en chacun. Et ceci personne ne peut vous aider à l’obtenir, ou le faire à votre place.
Mais, nous sommes réunis ici et maintenant. Cela veut bien dire que les chemins de nos destinées doivent se croiser. Alors puisqu’il en est ainsi, je vais vous parler des cinq parfums du cœur.
Le premier est le parfum de l’épuration, ou encore le parfum né des interdictions que l’on se fait à soi-même : dans le cœur, il n’y a pas de négation, de mauvaises intentions, pas de jalousie, pas de cupidité, pas de mécontentement ni de prétention. Cet état fait naître le parfum qui élimine les impuretés. On le nomme le parfum d’épuration.
Le second parfum est le parfum de la stabilité ou encore le parfum de la nature inébranlable : face à tous les aspects qu’ils soient positifs ou négatifs, fastes ou néfastes, notre cœur n’est pas troublé, il reste inébranlable. Ceci est le parfum de la stabilité.
Le troisième est le parfum de l’intelligence, ou encore le parfum de la sagesse : à chacun d’utiliser son intelligence comme une lumière pour éclairer son propre cœur, et veiller ainsi à ce qu’il ne soit pas encombré. Le cœur peut être encombré par les souvenirs des bonnes actions que l’on a réalisé ou des mauvaises que l’on a pu subir. Par le discernement de l’intelligence, et avec sagesse, le cœur ne s’attache pas aux actes ni à leurs souvenirs, il reste ainsi disponible. Ceci est le parfum de l’intelligence et de la sagesse.
Le quatrième est le parfum de la liberté : puisque le cœur n’est encombré ni des actes ni de leurs souvenirs, il ne crée par non plus de discernement entre ce qui peut être bon ou mauvais. Il reste ainsi sans attache. Ceci est le parfum de la liberté.
Le cinquième parfum est le parfum de la liberté active : puisque le cœur n’est encombré ni des souvenirs, ni du discernement entre le bien et le mauvais, il est vraiment libre de toute attache. A ce point il faut se garder cependant de rester solitaire et plonger dans un vide stérile. Au contraire, c’est alors que l’écoute s’ouvre au maximum à l’intérieur et à l’extérieur : et ainsi, en relation harmonieuse avec l’environnement et attentif aux enseignements de toutes les sagesses, la différence entre soi et l’autre, entre la nature véritable du cœur et l’univers disparaît. Ceci est le parfum de la liberté active.

Sachez tous que ces parfums là, c’est à l’intérieur de soi-même que chacun doit les allumer pour purifier et embaumer le cœur. Vous ne les trouverez pas en cherchant secours à l’extérieur.
Les cinq parfums du cœur vous mèneront sur le chemin de la bodhi. »
Une conférence sur le boudhisme ChanPar le sixième patriarche Hui Neng Parfum du Cœur
Traduction Rinnie Tang et Bertrand Nourrissat

* Terme essentiel au bouddhisme, traduit assez souvent et à tort par « illumination », bodhi signifie « éveil ». Il existe plusieurs sortes de bodhi, la plus parfaite étant celle des buddha, des Éveillés